Biomécanique, Blog

Apprentissage et biomécanique du reculer

janvier 10, 2022

Le reculer est une allure qui présente de multiples intérêts lors de l’éducation ou l’entrainement du cheval, par ses implications comportementales et physiques.

Quelques points clés dans l’apprentissage du reculer

Utilisé tôt dans l’éducation, le reculer permet de gérer l’espace personnel et de capter l’attention. C’est un mouvement qui sert au quotidien, il est important dans le contrôle du cheval. Le cavalier a tout intérêt à l’enseigner avec logique et progressivité à son cheval, aussi bien au sol qu’en selle. Son apprentissage nécessite une distinction en deux étapes : reculer d’un pas puis enchainer plusieurs pas. En effet, dans leur nature, les chevaux ont le réflexe de fuir vers l’avant, le reculer repose sur un mécanisme différent qui nécessite une organisation minutieuse de leur corps.

Le fait que le cheval ne voit pas l’espace où il doit déplacer ses membres implique un effort proprioceptif et une prise de conscience de son schéma corporel. C’est un mouvement qui sous-entend une grande précision du geste et une coordination conséquente. Au début, il n’est pas rare qu’il existe un certain délai de latence entre la demande du cavalier et la réponse du cheval. Pendant ces instants où le cheval « cherche » la solution, le cavalier prend soin de ne pas sur solliciter son cheval et patiente en maintenant sa demande.

Les grandes lignes de la biomécanique du reculer

Le reculer sollicite des muscles impliqués dans la locomotion vers l’avant, cependant leur rôle ici n’est pas de mobiliser le membre au soutien mais de déplacer l’ensemble du corps vers l’arrière, avec le membre à l’appui. La force mise en jeu est ainsi bien supérieure, ce qui en fait un excellent exercice de renforcement musculaire. D’autant plus que sa lenteur réduit considérablement tout risque de traumatisme du système musculo-squelettique.

Protraction de l’antérieur droit et du postérieur gauche pour emmener le corps vers l’arrière, phase à l’appui

Début de rétraction de l’antérieur droit et du postérieur gauche, début de la phase au soutien

Les muscles que nous pouvons citer pour la mobilisation de l’avant-main sont les muscles brachio-céphalique et omo-transversaire, qui permettent d’emmener la tête et l’encolure vers l’arrière. Le principal acteur musculaire au niveau de l’arrière-main, qui doit tirer l’ensemble du corps vers l’arrière, est le groupe musculaire ilio-psoas.

Ces mêmes muscles interviennent dans les autres allures, leur rôle est alors de déplacer le membre vers l’avant. Ainsi le reculer est une bonne préparation pour développer la puissance musculaire impliquée dans l’embrassée des membres antérieurs et dans l’engagement des membres postérieurs. Celui-ci, lors du reculer, est concomitant à une flexion entre la dernière vertèbre lombaire et la première vertèbre sacrée (la jonction lombo-sacrée). Sa réalisation contribue de ce fait à l’assouplissement de cette région, un fondamental pour la réalisation de mouvements plus complexes.

Anne d’Hautefeuille – Ostéopathe équin, BFEE2

Ludovic d’Hautefeuille – Expert fédéral d’équitation éthologique, BFEE3

Co-auteurs du livre « Le cheval en mouvement » de la collection Les Univers La Cense

No Comments

Leave a Reply