Biomécanique, Blog

Mobilisation des antérieurs: apprentissage et biomécanique

octobre 24, 2021

Mobiliser les membres antérieurs du cheval, c’est à dire exécuter un déplacement des épaules autour des hanches, est un mouvement à priori assez anodin. Il met pourtant en jeu plusieurs structures musculosquelettiques et présente un réel intérêt, lorsque son accomplissement est précis et minutieux, pour améliorer l’équilibre latéral et longitudinal du cheval.

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Les étapes de l’apprentissage

La mobilisation de l’avant-main relève d’un apprentissage souvent plus ardu que celle des membres postérieurs chez le jeune cheval. Elle implique un recul du centre de gravité pour alléger les épaules et permettre le transfert de poids d’un antérieur à l’autre. C’est avec cette partie du corps que le poulain va aisément contre la pression. C’est d’ailleurs une réponse qu’il fait fréquemment lors des premières demandes. Il est ainsi plus cohérent de l’enseigner après le mouvement des hanches et après le reculer, afin de disposer des outils pour amener le cheval à donner facilement la bonne réponse.

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Les grandes lignes de la biomécanique

Lorsque le déplacement est demandé dans une allure lente et avec précision, le cavalier s’aperçoit fréquemment qu’une épaule « passe » moins bien que l’autre. Si cette difficulté peut être attribuée à une souplesse asymétrique des épaules, il n’est pas rare que les cervicales basses soient aussi en cause. En effet, pendant le mouvement, dans un sens puis dans l’autre, le cheval doit être à l’aise pour incliner notamment sa septième cervicale, située entre les deux épaules et qui relie le cou au thorax.

  • Se redresser en allégeant l’avant-main : équilibre longitudinal

Le cheval ne possède pas de clavicule ; son bras est rattaché au thorax par une forte sangle musculaire, impliquant notamment les muscles rhomboïde et dentelé du cou. En partie basse, au niveau du poitrail, le membre antérieur est en lien avec le thorax par les muscles pectoraux. L’ensemble de ces muscles permettent un redressement de l’attitude du cheval, en soutenant le thorax entre les deux épaules. Ils concourent au transfert de poids vers l’arrière du corps et à l’allègement de l’avant-main.

  • Croiser les membres : équilibre latéral

L’articulation qui permet l’adduction et l’abduction des membres est l’épaule, les autres étages articulaires (coude, carpe et boulet) ne permettent pas ces mouvements de latéralité.

Dans l’abduction, les muscles qui interviennent pour emmener le membre vers l’extérieur du corps sont notamment le trapèze et le deltoïde. Les muscles responsables de l’adduction sont essentiellement les muscles pectoraux.

La mobilisation des membres antérieurs, lors d’un déplacement latéral par exemple, nécessite une alternance de contraction des muscles en face externe de l’épaule (abduction) et une élongation des muscles du poitrail (pectoraux) et inversement lors de l’adduction. Cette alternance de type de travail musculaire augmente à la fois la puissance musculaire et la souplesse de l’avant-main du cheval.

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De son expression la plus basique, dans le demi-tour autour des hanches, à celle la plus complexe, dans la pirouette, la mobilisation des épaules présente de nombreux intérêts. Ce sont d’ailleurs ces mêmes muscles qui sont sollicités lorsque l’on demande au cheval de développer l’allure et d’étendre sa foulée. Les exercices d’assouplissement latéraux permettent donc d’améliorer l’équilibre longitudinal du cheval, et réciproquement.

Anne d’Hautefeuille – Ostéopathe équin, BFEE2

Ludovic d’Hautefeuille – Expert fédéral d’équitation éthologique, BFEE3

Co-auteurs du livre « Le cheval en mouvement » de la collection Les Univers La Cense

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