Biomécanique

Apprentissage et biomécanique de la flexion latérale

juillet 15, 2020

La flexion latérale est un exercice de base qui intervient tôt dans l’éducation du cheval, notamment pour lui apprendre à s’arrêter. Elle est ensuite l’ingrédient de base de certains mouvements plus complexes: le pli d’encolure est important pour le contrôle des pieds dans le travail latéral.

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Les étapes de l’apprentissage

La flexion latérale peut être réalisée au sol (en liberté, en licol ou en filet) puis transposée à cheval et également déclinée dans les allures. Ce geste permet, par le contrôle de la tête du cheval, de faire découvrir puis affiner la pression du licol. Réalisé correctement, sans résistance et dans la décontraction, il témoigne du fait que le cheval  « peut rester » avec son cavalier. En effet, lorsqu’il est plié, le cheval ne peut pas surveiller son environnement, il est concentré sur la demande, confiant et relâché.

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Flexion latérale droite en licol, utilisée en équitation éthologique pour plier le cheval ou lui demander de s’arrêter, latéroflexion de la nuque et des cervicales hautes.

Comme lors de tous les exercices réalisés par une pression de contact constante, son bon apprentissage fait intervenir successivement : l’acceptation de ce contact, la mise en place d’une pression légère puis croissante et le retrait dès que le cheval s’engage vers la solution. La bonne réponse de la part du cheval correspond dans un premier temps à l’absence d’opposition puis au fait qu’il suive la sensation de votre main ou du licol. Chacune de ces étapes doit être sentie et récompensée par le cavalier, pendant tout le déroulement du mouvement. En effet, une résistance peut se produire au début, mais aussi pendant ou à la fin de l’exercice. L’adresse du cavalier consiste donc à être capable de céder ou résister (sans tirer !) à chaque instant.

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Les grandes lignes de la biomécanique

Lors de la flexion latérale, plusieurs structures réalisent un mouvement de rotation dite horizontale : la nuque puis les vertèbres cervicales, au nombre de sept (comme nous et la plupart des mammifères). Ce mouvement est combiné également à une descente modérée de la tête et du cou, en biomécanique c’est une flexion de chaque structure dans le plan vertical. D’autres petits mouvements en rotation frontale se produisent également. Le crâne et les vertèbres sont finalement mobilisés dans tous les plans de l’espace.  Ce mouvement fait intervenir les muscles de la nuque et du cou du cheval (muscles cervicaux ventraux et dorsaux). Le cheval contracte les muscles du côté de la flexion et étire ceux du côté opposé.

Lorsque le cheval reste avec un port de tête relativement haut en bout de flexion (il termine au niveau du quartier de la selle), il mobilise les cervicales basses dans le sens d’une extension. Celles-ci entreront dans un mouvement de flexion lors de la descente d’encolure, c’est-à-dire lorsque vous faites céder votre cheval vers le bas ou lors d’une demande de flexion latérale très basse. Ces exercices sont intéressants pour ouvrir toutes les facettes articulaires et étirer les muscles du côté opposé.

side1 side2 side3Latéroflexion droite du cheval, l’encolure est plus basse que précédemment pour mobiliser les cervicales de la base de l’encolure.

Chaque étage articulaire doit fonctionner correctement : un blocage de la nuque ou des premières cervicales peut entrainer un cheval qui « vrille » dans le début du mouvement. Si la troisième ou la quatrième cervicale est dysfonctionnelle, le cheval peut s’opposer au mouvement, modifier la hauteur de sa tête ou préférer bouger les pieds plutôt que de se plier.

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Lier comportement et mouvement

Faire la différence entre un blocage physique ou comportemental demande un bon ressenti dans le contact et une lecture fine des expressions du cheval.  Généralement, le cheval qui a bien compris la demande et qui est confiant, s’il présente une gène physique, va modifier la hauteur de son port de tête pour esquiver l’étage articulaire qui le dérange.

Pratiquées régulièrement, les flexions latérales sont intéressantes pour améliorer la disponibilité du cheval, physiquement et mentalement. Elles peuvent être vérifiées en début de séance pour déterminer si votre cheval suit la sensation sur une rêne ou sur la corde. Grace à elles, vous pouvez déterminer si votre cheval est bien physiquement et s’il est mentalement prêt avant de faire des exercices plus compliqués.

 

Anne d’Hautefeuille, Ostéopathe pour animaux, BFEE2 & Ludovic d’Hautefeuille, Expert fédéral en équitation éthologique, BFEE3

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