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FFE: savoirs, galops, brevets

Passer son savoir 2 d’équitation éthologique

septembre 10, 2015

Outre l’apport de nouvelles techniques au sol, la partie pratique du savoir 2 d’équitation éthologique repose sur l’amélioration des exercices du savoir 1, en obtenant plus de légèreté, plus de distance et/ou plus de vitesse de la part du cheval.

Ainsi, les exercices qui concernent la désensibilisation du cheval sont approfondis. Il peut être demandé aux cavaliers de présenter un travail de désensibilisation, à l’arrêt, avec un stick, un sac plastique, un drapeau,… La progressivité du cavalier, ses réactions en cas de mouvements du cheval, la tenue de la corde comptent parmi les éléments évalués. Un exercice de mener avec le drapeau sur le dos du cheval permet également d’apprécier le relâchement en mouvement.

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Exercices de désensibilisation à l’arrêt et en mouvement

Les bases du contrôle des pieds du cheval telles que la mobilisation à distance sur quelques foulées de l’arrière-main et de l’avant-main du cheval, et le reculer sont incontournables. L’utilisation du langage corporel et celle éventuelle du stick doivent être adaptées aux réponses du cheval. Les points-clés côté cavalier sont: être efficace dans les demandes et relâcher au bon moment.

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Mobilisation des postérieurs, des antérieurs et reculer par pression à distance

Les éléments précédents sont ensuite combinés lors de la mise en cercle du cheval. Ne vous précipitez pas, envoyer sur le cercle est une étape pendant laquelle le jury doit pouvoir apprécier le reculer de votre cheval, son immobilité à distance puis son mouvement d’épaule pour rejoindre le cercle. Au programme du savoir 2, les transitions simples (trot-pas-trot), le contrôle des hanches à distance ou le ramener du cheval devraient donner une impression de fluidité. Afin d’évaluer votre capacité à mobiliser l’avant-main de votre cheval à trois mètres de vous, un slalom à distance peut compléter les exercices précédents.

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Cercle au pas, transition montante au trot et slalom à distance

Viennent ensuite les passages d’embûches diverses au cours desquels votre placement par rapport au cheval doit permettre l’abord dans les meilleures conditions possibles. Un déplacement latéral le long du mur sur quelques foulées est également au programme. Parmi les erreurs à éviter: une utilisation excessive du stick et un manque de langage corporel, une longueur de corde trop courte qui retient le cheval, ou un positionnement trop proche du cheval.

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Passage au pas sur une bâche en envoyant le cheval, franchissement d’un obstacle au trot et déplacement latéral

Enfin, d’autres exercices peuvent agrémenter le programme de l’examen. Au savoir 2, le cavalier est capable de mobiliser son cheval dans toutes les directions, alors les possibilités d’évaluation sont multiples ! Quelques exemples en photos.

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Faire reculer son cheval au dessus d’une barre, mener son cheval tête en bas, doucher son cheval non attaché

Concernant la partie théorique, documentez-vous sur le tempérament du cheval, ses variations individuelles et les tests dont disposent les éthologues pour les étudier. Au programme également, la vie sociale des chevaux, l’organisation des groupes à l’état naturel et les différentes interactions au sein du troupeau. Nous vous recommandons le livre « Comportements et postures. Que devez-vous savoir et observer ? » écrit par Hélène Roche, paru aux éditions Belin qui contient toutes les informations éthologiques relatives aux cinq savoirs .

Si vous êtes prêt pour votre examen, vous saurez certainement répondre à ces trois questions :

– Le cheval est-il un animal territorial ?

– Pouvez-vous expliquer la notion de dominance au sein d’un troupeau de chevaux ?

– Le tempérament d’un cheval évolue-t-il tout au long de sa vie ?

Bonnes révisions !

Questions-réponses

« Je travaille déjà mon cheval à pied et j’aimerais connaître l’intérêt du travail aux longues rênes. » Monique S.     

août 16, 2015

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Tout ce que vous faites avec votre cheval relève d’un apprentissage, et plus vous lui apprenez de choses (les bonnes) plus il comprendra les situations auxquelles il sera confronté.  Il en est de même pour le cavalier, chaque nouvel apprentissage le rend meilleur dans la communication avec son cheval. Dans le cas des longues rênes, il va sans dire que cela correspond à l’apprentissage de l’action des rênes pour le cheval et de la précision des mains pour le cavalier.

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Monter un cheval qui a compris l’action des aides et qui y répond de manière légère, grâce à un cavalier logique dans ses demandes, est le résultat de différentes phases dans l’apprentissage. Plus ces phases sont détaillées, plus la compréhension est aisée et plus le résultat est élevé ! Ainsi, le travail à pied que vous faites avec votre cheval est une phase primordiale, mais qui peut être affiné par le travail en main et les longues rênes.

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Dans le travail à pied,  le cheval a appris à céder à une pression liée à la longe, que ce soit au licol ou avec un filet, mais aussi à la pression au niveau de la jambe du cavalier (cf article sur le travail à pied). Dans le travail en main et le travail aux longues rênes, il s’agit de l’apprentissage de l’action des deux rênes. C’est d’abord au cavalier d’apprendre à bien utiliser ses mains pour ne pas avoir d’actions contradictoires et au cheval d’apprendre à gérer son corps, ses pieds en fonction de l’action des rênes.

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Au départ, ce n’est pas votre cheval que vous allez travailler, mais vous-même: être à la même vitesse que votre cheval, utiliser votre haut du corps pour avoir une main juste. Ces éléments vous permettront d’être efficace et compris aux longues rênes et amélioreront vos sensations et votre position à cheval.

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Vous pourrez alors retranscrire cet apprentissage une fois en selle, tout en vous appliquant à utiliser les actions de mains telles que le cheval les ressentait par les longues rênes et à ce que l’action de vos jambes soit en phase avec les demandes de votre main. Si le cheval peut faire une épaule en dedans uniquement par l’action des longues rênes, c’est qu’il sait le faire…

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En résumé, les intérêts côté cavalier :

               Comprendre et/ou améliorer l’action des mains (le cavalier ne pouvant pas compenser par l’action des jambes, ni « bricoler »)

               Mettre l’accent sur la solidité du haut du corps qui permet le contact constant, sans tirer, et que nous retrouvons à cheval

               Observer son cheval

               Travailler son cheval même s’il ne peut pas le monter

Et côté cheval :

               Apprentissage de l’action des deux rênes, lors du débourrage et du travail de base

               Perfectionnement : épaules en dedans, travail sur le cercle, piaffer…

               Diversification des apprentissages

               Possibilité d’être travaillé si il ne peut être monté

Toutes ces notions d’apprentissage depuis le travail à pied d’un jeune cheval jusqu’au travail plus spécifique des différentes disciplines, en passant par les bases du travail monté et le travail aux longues rênes sont au programme des Rencontres de la Cense qui auront lieu du 18 au 20 septembre 2015 au Haras de la Cense. Avec Antoine Bancaud, spécialiste des longues rênes, nous y expliquerons, lors de présentations, l’intérêt du travail aux longues rênes  et ses répercutions sur le travail monté.

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Questions-réponses

Mon cheval ne monte pas dans le van, que puis-je faire ? Mélodie P.

juin 15, 2015

Tout d’abord, il faut savoir que plus vous aurez des compétences de travail à pied, moins il sera difficile pour vous de mettre le cheval dans le van. Ne connaissant pas votre niveau technique à pied, nous vous donnerons des points–clés pour un bon chargement dans le van :

  • La rectitude : le cheval doit être droit avant d’arriver sur le pont. Si le cheval est droit (tête vers le van, épaules droites et hanches alignées), il s’intéressera au van. Si vous l’amenez vers le van sans prendre garde à ce qu’il pense à ce moment-là (regarde à l’extérieur, se décale), vous compliquez l’exercice. S’il n’est pas prêt à aller dans le van, il le sera encore moins quand il s’en rapprochera…

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  • Récompenser le cheval qui cherche : le cheval immobile dans le van est le résultat que nous cherchons à obtenir. Ce n’est pas l’idée du cheval, il faut donc l’intéresser au van. Ainsi, s’aligner par rapport à l’entrée du van, sentir une partie du van, faire un pas vers le van, sont des bonnes étapes vers la solution. Pour que le cheval le sache, il faut le récompenser en cessant toute demande. Plus le cheval a du mal à trouver la bonne solution, plus le temps de récompense doit être long.

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  • Ne pas le coincer : le cheval n’a aucune raison d’aller dans un endroit fermé comme le van. Cela va à l’encontre de son instinct de survie. Ainsi, si lorsqu’il fait un effort, vous le retenez ou le poussez derrière, il se sent coincé et cela confirme son impression d’insécurité. Il risque de ne plus vouloir monter. Dites-vous que plus le cheval ressort du van et plus vous avez d’occasions de lui apprendre à monter et à rester.

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  • Confort/inconfort : Le confort doit être dans le van. Ne mettez pas de pression dedans, par contre, une fois le cheval ressorti (sur votre demande ou de lui-même), redemandez-lui de monter. Le cheval préférera alors être tranquille à l’intérieur du van…Si le cheval ne fait plus d’effort, vous pouvez lui demander un travail hors du van: reculer, cercle… La nourriture peut renforcer cette idée, mais attention, le cheval doit se sentir en sécurité dans le van. Certains chevaux montent, attrapent la nourriture pour ressortir aussitôt, le problème du van n’est alors  pas réglé…

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Il n’y a pas de secrets, ni de magie, meilleur sera votre niveau dans le travail à pied et meilleur sera celui du cheval, plus le chargement sera facile. Nous vous conseillons de passer par ces apprentissages avant de vous attaquer au  van. Vous ferez par la même occasion de nombreux exercices tels que contrôler votre cheval sur une barre, une bâche, sous un portique qui rendront beaucoup plus abordable le van.

Ne vérifiez pas que votre cheval ne monte pas le jour où vous devez voyager…mais apprenez lui pour être certain qu’il montera et sera calme ce jour-là. Et, attention, certains chevaux ne remontent pas après avoir voyagé parce qu’ils n’ont pas aimé le conducteur précédent…

 

 

Activités

Education du jeune poulain

mai 30, 2015

 

Deux poulains trotteurs âgés de un an ont passé une dizaine de jours aux écuries. A ce jeune âge, il s’agit de poser les grandes lignes de l’éducation au sol communes à tous les chevaux. Ils sont élevés en pâture et y retournent ensuite, jusqu’à ce qu’ils soient revus dans leur année de deux ans pour le débourrage.  pré

Le fait de les travailler en plusieurs épisodes permet d’être plus progressifs, de les habituer tôt à un changement d’environnement, tout en conservant des similitudes avec ce qu’ils connaissent jusqu’alors. Ils ne sont pas séparés, ils découvrent  le box en restant côte à côte et continuent pendant leur séjour à aller dehors ensemble. Les séances de travail sont  courtes et très diversifiées, l’aire de travail s’apparente plus à une aire de jeux. L’idée est d’utiliser ou de développer leur curiosité naturelle pour leur faire découvrir de nouveaux objets. En parallèle,  ils apprennent progressivement à bouger leurs pieds dans une direction demandée.

  • Les exercices de désensibilisation permettent d’habituer les poulains à différents objets, à la fois au contact sur eux, et à distance, autour d’eux. Ils sont ainsi habitués aux grands gestes, aux bruits, à être touchés partout. Chaque jour, l’habituation est poussée un peu plus loin de façon progressive et adaptée à la sensibilité de chacun. Si elle est amenée subtilement et par petites touches, en général les poulains montrent un intérêt évident à la découverte d’un nouvel élément.

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  • C’est une chose importante que les poulains soient en confiance, mais ils doivent aussi savoir comment se comporter face aux différentes pressions. La découverte du licol est une étape importante et doit être réalisée avec tact. Les mouvements de base sont effectués dans un premier temps à courte distance et concernent la mobilisation de la tête, de l’encolure,  des antérieurs et des postérieurs. Dès que le poulain a l’idée de bouger vers la bonne direction, la pression cesse afin de le laisser effectuer le mouvement. Grâce à des indications précises et claires, la recherche du poulain est guidée vers la bonne solution.

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  • Ces éléments sont ensuite combinés au cours de la marche en main et la distance est agrandie avec la mise en cercle au pas et au trot. Décrire un ou deux cercles permet aux poulains de sentir que, même à distance, ils sont encore reliés au cavalier par la longe et le licol.

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  • Au cours d’une même séance, des exercices qui nécessitent l’immobilité du poulain sont aussi réalisés, comme la désensibilisation à la sangle, la prise des pieds, le pansage, les flexions latérales ou simplement ne rien faire. En diversifiant ainsi l’enchaînement des exercices, le poulain alterne entre du repos, des mouvements précis qui nécessitent de la concentration et de l’action aux différentes allures. L’objectif est de préserver et développer son intérêt, sa motivation et son attention.

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  • Lorsque l’essentiel de ces bases est bien assimilé, la difficulté des exercices est augmentée en faisant intervenir conjointement des notions de désensibilisation et de contrôle des pieds.

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A retenir:

L’équilibre entre constance et variété est essentiel lors du travail d’un poulain: à nous d’être suffisamment rigoureux et imaginatif.

S’il éprouve une difficulté à un moment quelconque, il faut  savoir se contenter d’une ébauche de bonne réponse.

Si l’on considère qu’il a toute sa vie pour apprendre, l’apprentissage sera plus rapide.  Ce qui n’est pas complètement acquis aujourd’hui le sera demain ou après-demain.

Questions-réponses

En promenade, mon cheval ne passe pas les flaques d’eau, les ruisseaux. Que puis-je faire ? Christine H.

avril 17, 2015

 

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Vous pouvez déjà préparer votre cheval à passer sur diverses surfaces, à pied, dans des conditions que vous mettez en place, puis en étant monté.  Ce sont des séances d’apprentissage où les conditions (temps, objectifs) sont réunies pour la bonne compréhension.

Lors de la promenade,  votre objectif est peut-être de passer dans la flaque d’eau, mais n’oubliez pas le plus important:  votre cheval doit faire une association positive avec cette expérience !

Lorsque votre cheval se retrouve face à un passage d’eau, son objectif est de l’éviter alors que le vôtre est de le traverser. Comment faire pour que votre idée devienne la sienne ? Contrôlez les pieds de votre cheval quand il cherche à s’éloigner  de ce qui représente un problème pour lui et rendez positif, agréable le fait qu’il se rapproche du point d’eau.

Si le cheval a l’idée de faire demi-tour en mobilisant ses épaules, il est difficile d’aller contre son idée. Par contre, vous pouvez lui mobiliser les hanches pour les garder toujours à l’opposé du problème : le cheval est alors face à l’endroit où vous voulez l’emmener. Récompensez-le. Pendant toutes ces demandes, regardez toujours le même point de l’autre côté de l’eau.

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Lorsque l’idée du cheval n’est plus de faire demi-tour, c’est une bonne étape de passée, mais si vous le mettez en avant, il va peut-être se bloquer ou même reculer. Ne lui demandez pas d’aller vers ce qu’il considère comme un mur. Dirigez-le plutôt à droite et à gauche face au point d’eau. Quand il s’y intéresse ou va vers l’avant, cessez toutes demandes, laissez-le faire et caressez-le. Répétez jusqu’à ce qu’il comprenne que le point d’eau est source de confort pour lui. Votre idée commence à devenir la sienne.

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Si vous lui avez présenté un passage d’eau facile pour commencer (ce qu’il faut faire !), il passera de l’autre côté. Ensuite, vous pourrez augmenter les difficultés, comme dans tout apprentissage.

Ne soyez pas pressé lors de cette étape, c’est un investissement sur le long terme. Bien entendu, avec un bon contrôle du cheval en général et des difficultés progressives, rien ne sera impossible !

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Rencontre avec un professionnel

Sophie Rooses, en quête du bien-être physique et mental de votre cheval

mars 12, 2015

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                Sophie Rooses, propriétaire de chevaux et cavalière de longue date, a naturellement fait de sa passion un métier en obtenant en 2012 un BPJEPS mention équitation, complété des deux brevets fédéraux d’équitation éthologique. Normande d’adoption, Sophie propose ses services de cavalière et d’enseignante chez les particuliers et les professionnels, avant qu’une blessure au genou ne la contraigne à revoir son activité à la baisse. Une longue rééducation en kinésithérapie, à base de massages et de mobilisations, lui permet de se muscler à nouveau. Sophie décide alors de se pencher sur le bien-être physique des chevaux et obtient en 2014 un certificat de masso-physiothérapeute équin.

Outre l’éclaircissement que nous apporte Sophie sur cette technique de soin, c’est également son point de vue sur les notions de bien-être mental et physique du cheval qui nous interpelle lors de cette rencontre.

Hipp’Up: En quoi consiste la masso-physiothérapie équine ?

Sophie Rooses: La masso-physiothérapie équine considère le cheval comme un athlète. A l’image du kinésithérapeute des sportifs humains, ce soin a pour objectifs la préparation à l’effort, l’amélioration des performances, la diminution du risque de blessure, la récupération,… Pour cela, un masso-physiothérapeute réalise des mobilisations, des massages et des stretchings permettant d’évacuer les déchets du muscle, de diminuer les tensions et ainsi de redonner souplesse et confiance au cheval lors de ses mouvements. Je complète souvent mes manipulations par des cataplasmes de boue ou d’algues marines selon les effets recherchés.

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H’U: Quels types de chevaux soignes-tu ?

S.R.: Je m’occupe de chevaux ou de poneys de loisir ou de compétition, l’idée étant d’apporter du confort et du bien-être au cheval. Qu’il ait une activité sportive ou non, le cheval peut avoir des tensions musculaires, des raideurs qui l’empêchent de bouger correctement. En levant ces douleurs, le cheval s’améliore et récupère mieux après l’effort, quelle que soit sa discipline. Evidemment, le soin sera orienté différemment s’il s’agit d’un cheval âgé à qui je vais chercher à redonner plus de souplesse, ou un cheval qui sort en compétition. La masso-physiothérapie est aussi intéressante chez les chevaux en convalescence suite à une opération ou une tendinite par exemple; elle peut aider le cheval à récupérer plus vite après une longue période d’inactivité.

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H’U: Tes connaissances en équitation éthologique sont-elles un atout  lors d’un soin ?

S.R.: Il est important pour moi de bien différencier l’équitation éthologique que je considère comme un apprentissage que l’on fait au cheval et la masso-physiothérapie qui est un soin. Je ne peux pas éduquer et soigner en même temps. Quand j’éduque un cheval, je dicte les règles: le cheval doit faire attention à moi et répondre à mes demandes. Quand je masse, c’est à mon tour d’être là pour lui. Il me fait comprendre ce qu’il aime, ce qu’il n’aime pas, où il a mal,… et c’est à moi de m’adapter à lui. Mes connaissances en équitation éthologique me donnent la capacité de savoir lire son langage corporel pour pouvoir m’adapter et anticiper ses réactions. Certaines positions et certains soins nécessitent parfois de désensibiliser le cheval au préalable. C’est le cas de la fango et de l’algothérapie où le cheval est recouvert de boue ou d’algue puis enveloppé dans une grande feuille d’amidon. Je prépare alors le cheval à accepter le soin dans la décontraction.

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H’U: Penses-tu que tes deux activités soient complémentaires ?

S.R.: L’équitation éthologique et la masso-physiothérapie ont un point commun: le bien-être animal. L’un met l’accent sur le mental, l’autre sur le physique. Il faut être capable d’allier les deux. Si un cheval travaille dans la contrainte et dans la fuite, il y aura forcément des répercutions sur son physique (contractures, crampes, tendinites,…). A l’inverse, un cheval qui a des douleurs ne pourra pas se concentrer pleinement sur les demandes de son cavalier. Il paraîtra mal éduqué alors qu’il ne peut pas faire ce que son cavalier attend de lui.

Il faut s’adapter à chaque cheval et se poser les bonnes questions: suis-je assez claire dans mes demandes ou le cheval souffre-t-il ? Dans le doute il vaut mieux demander l’avis d’un spécialiste pour être sûr de mettre le cheval dans le confort. Il faut ensuite travailler le cheval de façon juste et compréhensible pour lui. En effet, s’il est toujours en défense contre les actions de son cavalier, il se fera à nouveau mal, quels que soient les soins apportés.

Sophie Rooses se déplace en Normandie et en région parisienne, vous pouvez la contacter par mail: sophie.rooses@laposte.net 

Questions-réponses

« Mon cheval fait des écarts devant les objets nouveaux, que faire pour l’améliorer ? » Nicolas C.

février 1, 2015

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Chaque poulain, sans l’intervention de l’homme, adopte un comportement qui lui est propre face à la rencontre d’un nouvel objet. Certains, compte tenu de leur race, de leur génétique ou du comportement de leur mère, sont d’un naturel curieux et se dirigent assez rapidement vers les objets pour les sentir, les toucher voire les prendre dans la bouche. D’autres, par contre, font tout pour s’en éloigner. Dans le contexte de domestication dans lequel ces derniers évolueront, il est préférable, pour eux comme pour nous, qu’ils passent de l’état peureux à l’état curieux.

Il est à signaler que beaucoup de manipulations hâtives avec les poulains peuvent les rendre plus peureux : les coincer pour les attraper (augmente la peur de l’homme), les forcer à rentrer dans un box, dans la douche, dans un van (augmente la peur du confinement), etc… La curiosité a besoin de temps.

Même si les poulains sont bien manipulés, comme cela a été dit précédemment, leur degré de curiosité ne sera pas nécessairement le même. Il n’y a pas d’âge pour améliorer la curiosité d’un cheval. Les exercices décrits ci-dessous, où l’on demande au cheval de s’intéresser aux objets, sont primordiaux avant de demander à un cheval de passer sur quelque chose : bâche, barre au sol, sauter un sous-bassement ou monter dans un van. En effet, comment peut-on espérer monter un cheval dans un van, s’il ne s’y intéresse pas, voire s’il en a déjà peur à plusieurs mètres !

Pour réaliser cet exercice, l’idéal est de pouvoir mener son cheval à distance, le but étant de l’envoyer vers l’objet pour qu’il s’y arrête puis le sente et le touche. Peu importe les objets (plots, cubes, tapis au sol, selle, tronc…) mais présentez ceux qui paraissent les plus simples pour votre cheval puis augmentez la difficulté.

Si le cheval ne veut pas s’en approcher, laissez-lui le temps de l’observer et lorsque son attitude montre qu’il est moins inquiet, proposez-lui de s’en rapprocher.

S’il ne s’y intéresse pas et passe à côté ou s’il l’évite par peur, redirigez le face à l’objet, (votre longueur de corde doit être adaptée pour que l’information soit la plus précise possible). Quand il s’en rapproche, relâchez-vous pour qu’il ralentisse et cherche à s’arrêter proche.  Petit à petit, il va chercher une solution vers l’objet.

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Lorsqu’il est immobile proche de l’objet, ne lui demandez plus rien : plus il s’approche de l’objet, plus ce doit être une zone de confort. Bientôt, le moment de confort correspondra au moment où il touche l’objet. N’intervenez pas au moment où le cheval explore l’objet, même s’il utilise les dents ou les sabots, dans la mesure où sa sécurité et la vôtre ne sont pas en danger.

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Tirer un objet est un exercice  qui en général permet d’accroître de façon évidente l’intérêt du cheval, même s’il est d’un tempérament indifférent ou craintif.  Il est en effet plus attiré  car l’objet est en mouvement et plus confiant car l’objet s’éloigne de lui. Permettez au cheval de terminer l’exercice en touchant l’objet au moment où il montre le plus d’intérêt.

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En réalisant cet exercice vous ne mettrez pas de pression pour que le cheval passe l’embûche (puisque ce n’est pas votre objectif), votre cheval trouvera un confort proche de l’objet, il sera alors prêt à franchir l’embûche : barre au sol, bâche, flaque d’eau, van.

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Vous verrez que le jour où vous voudrez franchir une nouvelle embûche avec votre cheval, à pied ou monté, cet exercice deviendra naturellement votre première étape. Le temps que vous laisserez à votre cheval pour s’intéresser sera du temps de gagné pour le franchissement et un confort pour vous et votre cheval. Plus votre cheval aura des expériences positives avec des nouvelles situations, moins il les craindra. Par la réalisation de ce type d’exercices, vous ne modifierez pas la nature peureuse de votre cheval, mais vous lui apprendrez à mieux réagir et à mieux se comporter face à la nouveauté.

Conseils équestres

Quel est l’intérêt de travailler son cheval à pied ?

janvier 17, 2015

Il existe de nombreux intérêts au travail à pied : manipulation du poulain, débourrage, travail en liberté, travail d’un cheval qui ne peut être monté pendant une période. Nous soulignons ici l’importance du travail à pied dans l’apprentissage des aides utilisées à cheval.

En effet, à cheval, nous utilisons l’assiette, les mains par le biais des rênes et les jambes pour diriger notre monture. La bonne utilisation de ces aides est un apprentissage pour le cavalier qui peaufinera leur précision au fur et à mesure. C’est aussi un apprentissage pour le cheval. Par exemple, un poulain au travail sera naturellement aspiré vers la porte de la carrière même si une rêne d’ouverture lui indique d’aller à l’opposé, et vos jambes ne représenteront pas une barrière pour lui. Nous devons leur apprendre ce que signifient nos mains et nos jambes, les sensibiliser à nos demandes.

Le travail à pied est crucial dans cet apprentissage. En effet, notre position à pied, la dynamique de notre mouvement vont aider le cheval à comprendre ce que signifient les pressions de contact liées à nos mains ou nos jambes. Nous serons plus visibles qu’à cheval et nos pieds pourront s’ancrer dans le sol.

Lors du travail à la longe sur un cercle, le cheval apprend d’ores et déjà à suivre ou non une sensation de direction. Il cède à une rêne directrice s’il est léger et qu’il réalise un cercle régulier. Il s’y oppose s’il tracte vers l’extérieur et que vos pieds ne sont pas fixes. Lorsqu’il suit la sensation sur la longe, il s’organise physiquement pour exécuter son cercle et il y a des chances pour que nous retrouvions cette sensation en selle…

Chaque action que nous allons faire avec la longe correspond ainsi au contrôle des pieds du cheval et c’est ce même rôle qu’aura la rêne à cheval. Si les demandes sont bien réalisées au sol, que le cheval les a comprises et cède avec légèreté, il sera plus facile pour lui de répondre de la même manière aux demandes exécutées en selle:

 

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Reculer: la pression du licol se fait vers l’arrière dans l’axe du cheval. Le cheval cède au niveau du chanfrein et recule.

 

 

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Contrôle des postérieurs: la main (rêne) demande une flexion d’encolure puis le passage du postérieur gauche sous la masse. Le cheval apprend à pivoter autour de la main.

 

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Contrôle des antérieurs: la longe est une « rêne d’ouverture » vers la droite. Le cheval suit l’indication et passe son antérieur gauche devant le droit.

 

Il est important de noter que lors des manipulations quotidiennes, le cheval apprend. Au mener, s’il cède difficilement au licol, c’est qu’il ne suit pas la sensation et il y a de fortes chances pour que son comportement soit le même monté. L’apprentissage du cheval commence dès le moment où nous l’approchons pour lui mettre le licol !

C’est aussi un apprentissage pour le cheval de céder à une pression au niveau de la jambe du cavalier. Il doit s’organiser physiquement pour exécuter un mouvement précis. Certains chevaux fuient la jambe, ce qui n’est pas une réponse, et nombreux sont ceux qui y sont insensibles, dits froids à la jambe. Dans le travail à pied, nous utiliserons notre main pour remplacer la jambe et c’est surtout notre position et la dynamique de notre mouvement qui va clarifier la réponse à donner pour le cheval. Cette réponse acquise à pied simplifiera la compréhension du cheval lorsque la demande sera faite en selle:

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Contrôle des postérieurs: le contact de la main est franc et le corps est solide des pieds à la main pour ne pas forcer mais résister. La longe (rêne) peut aider le cheval à enclencher le mouvement (main droite sur la photo).

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Contrôle des antérieurs: une main au niveau de la tête et une main au niveau du passage de sangle apprennent au cheval à mobiliser son avant main grâce à une pression de contact.

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Déplacement latéral: peu importe la difficulté de l’exercice, lorsque le cheval a compris qu’il y a une réponse à une pression de contact, il s’organise mentalement et physiquement pour y répondre.

Le cheval est notre élève et notre manière d’enseigner doit être la plus compréhensible possible. Le travail à pied fait partie des moyens à notre disposition pour mieux être compris.

Rencontre avec un professionnel

Rencontre avec Caroline Godin, dressage et équitation éthologique

décembre 29, 2014

 

IMG_0179Caroline Godin est diplômée du BPJEPS, titulaire du BFEE 2 et responsable de l’écurie de propriétaires au Haras de la Cense (78).

Parallèlement à son activité d’enseignement, Caroline est cavalière, si elle travaille au quotidien aussi bien des chevaux de loisir que de compétition, sa discipline de prédilection est le dressage.

Elle prépare les jeunes chevaux aux sorties en compétition et finit d’ailleurs cette année à la 3ème place lors de la Grande Semaine de Saumur avec sa jument Querida de Hus. En niveau B, elle remporte en 2012 les Championnats d’Europe Ibériques et obtient la seconde place en 2013. Elle gagne cette année le Critérium des Enseignants CCE grâce à une reprise de dressage brillante qui lui permet de mener l’épreuve du début à la fin.

Le Haras de La Cense était présent au Salon du Cheval de Paris en décembre, Caroline y a présenté chaque jour des démonstrations en dressage visant à expliquer l’intérêt de l’équitation éthologique dans cette discipline, l’occasion pour nous de lui poser quelques questions.

Hipp’Up : Tes connaissances actuelles en équitation éthologique ont probablement modifié ton équitation et ton enseignement, quelles différences fais-tu maintenant ?

Caroline Godin : Avant ma formation au Haras de la Cense, je sortais déjà en compétition de dressage. Mais l’entrainement de mes chevaux était différent ; je travaillais les éléments des reprises en faisant faire les mouvements à mon cheval. J’étais dans la recherche d’un résultat de la part de mon cheval, sans l’associer forcément à sa compréhension.

Maintenant je peux décortiquer chaque pas et apprendre à mon cheval la réponse que j’attends à une demande. Je peux ensuite le laisser effectuer son mouvement. Le bénéfice immédiat est qu’il se concentre davantage. Le fait qu’il comprenne ce que j’attends de lui permet d’obtenir son relâchement. L’apprentissage du cheval est devenu, avant la technique, le moteur de mon équitation.

J’ai toujours recherché une attitude physique juste chez mes chevaux, avec une ligne du dessus tendue. Le problème est que si nous cherchons ce résultat en tendant les rênes et en poussant, la plupart des chevaux ne comprennent pas, se crispent et le contact se détériore. Il n’y a pas de communication et les mouvements sont figés. En utilisant les notions d’apprentissage du cheval et en particulier le fait qu’il puisse répondre à une pression de contact, nous pouvons petit à petit lui apprendre à mettre son dos en place. Le cheval comprend l’attitude que l’on attend de lui, selon les codes mis en place, et y trouve son confort.

H’U : Comment utilises-tu cette pression de contact dans l’éducation puis le dressage des chevaux que tu travailles ?

C.G. : Je développe le contrôle des pieds du cheval. Le travail commence au sol et se poursuit dans la même logique à cheval. Il s’agit de sensibiliser son cheval à bouger dans chaque direction par réponse à une pression appliquée sur une partie de son corps. Les principes essentiels sont de demander doucement, d’être capable de relâcher cette pression rapidement et au bon moment. En déplaçant ainsi les hanches et les épaules, un code s‘établit avec le cheval, chaque aide a une signification claire, et il suffit de recomposer l’ensemble pour faire du dressage.

Si le cavalier garde en permanence une pression, il n’y a pas de communication avec le cheval. Si le cavalier sait prendre et relâcher une pression, au moment opportun, une communication s’établit.

H’U : Ce travail est-il susceptible de concerner tous les chevaux et tous les cavaliers ?

C.G. : C’est, en effet, à mon sens une éducation de base du cheval et du cavalier. Un cheval qui comprend les demandes et un cavalier capable de se faire comprendre sont les gages d’une bonne équitation. Cela dit, les exigences dans la précision sont à adapter au niveau du cheval et du cavalier. Nous pouvons comparer le cheval dans les aides, entre jambes et mains, à une boite qui l’entoure. Pour un cavalier débutant ou un jeune cheval, cette boite sera grande, la réponse à une pression sera orientée dans une direction mais pas très précise. Au fil des progrès, la dimension de la boite diminue, les réponses aux aides s’affinent.

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H’U : Quelle difficulté est souvent rencontrée dans ce travail ?

C.G. : Je pense qu’il ne faut pas tomber dans les extrêmes, c’est-à-dire monter à cheval en utilisant uniquement l’alternance pression/relâchement. Le cheval doit être en permanence informé sur la direction et la vitesse à adopter. Lorsque vous éduquez un jeune cheval vous devez, pour être très clair avec lui, soit mettre une pression soit la relâcher mais au fil de l’apprentissage il est important de garder un léger contact pour être toujours en relation avec votre cheval et ainsi affiner vos demandes et la qualité des réponses. Il y a donc une communication subtile à entretenir entre la mise en place d’une pression et la réponse du cheval, grâce au liant que vous conservez avec lui lorsqu’il donne la bonne réponse.

L’équitation dite « de tradition » a largement défendu la légèreté à cheval et bon nombre d’ouvrages en font référence. Certes, l’équitation dispensée dans les clubs n’est pas celle de ces ouvrages et nous oriente peut-être un peu plus vers une équitation « de force » mais il me semble que le plus important est de s’intéresser au cheval lui-même. N’oublions pas que les chevaux sont doués d’une faculté incroyable d’apprentissage et capables de sentir une mouche sur leur poil. Une meilleure connaissance du cheval nous permet d’être plus clairs et plus justes avec lui et ainsi d’améliorer notre tact et notre technique équestre.

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Caroline en démonstration, Pôle Ethologie, Salon du Cheval de Paris décembre 2014

Activités

Equitation éthologique sur l’île de la Réunion

décembre 22, 2014

Le Comité Régional d’Equitation de l’île de la Réunion a fait intervenir Ludovic pour réaliser des formations sur place. L’équitation est en effet bien représentée sur l’île de la Réunion, avec de nombreuses écuries et centres équestres, spécialisés le plus souvent en tourisme équestre ou compétition de saut d’obstacles.

De la même façon qu’en métropole,  la plupart des structures réunionnaises n’ont pas ignoré la réforme des Galops qui a eu lieu il y a deux ans. En effet, en 2012 du travail au sol avec les chevaux et des notions d’éthologie ont été intégrés au programme des examens fédéraux.

En tant qu’expert fédéral, Ludovic a ainsi animé une journée de stage avec une vingtaine de moniteurs. Certains avaient déjà des notions d’équitation éthologique, mais pour beaucoup c’était une découverte. Une  démonstration, le matin, avec un poulain, a permis de mettre l’accent sur le mode d’apprentissage du cheval. L’après-midi a été consacrée à la mise en pratique des exercices des quatre premiers Galops (la gestion de l’espace personnel, mener et diriger, déplacer les hanches, déplacer les épaules, la flexion latérale).

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Les formations pour les amateurs ont occupé le reste du séjour.  Si certains élèves débutaient, la plupart étaient les élèves de Stéphanie Nourry (BFEE 3), originaire de la Réunion et enseignante en équitation éthologique formée au Haras de la Cense. Certains étaient des élèves d’Anne-Sophie Grosset (BFEE 2) qui intervient quelques semaines par an. Ce fut un échange enrichissant avec des élèves motivés. En effet, l’aspect insulaire rend toute intervention extérieure importante.

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L’accueil chaleureux des Réunionnais et leur envie d’apprendre ont rendu ce séjour très agréable, le climat et les palmiers ont fait le reste !